Les incunables
Les Incunables, livres de la Renaissance et du baroque.
Parmi les incunables conservés à Estienne (soit les ouvrages des débuts de l’imprimerie jusqu’en 1501), quelques très rares éditions dont le Johannes Capreolus (ca. 1380-1444) par Ottaviano Scoto à Venise en 1484 (un volume conservé sur les quatre existants) ; ou la Grammatica Graeca, Venise, Alde Manuce, 1495.
Au XVIe siècle, la typographie en France connaît un âge d’or ; de nombreuses impressions le retracent : à Paris, celles des Estienne, Simon Colines, Josse Bade et Jean Petit, Galliot du Pré, Jacques Kerver ou Abel l’Angelier ; à Lyon : Gabiano, Sébastien Gryphe, Jean de Tournes. Par ailleurs, des éditions de Froben, à Bâle, de Paul Manuce, à Venise, ainsi qu’un important fonds hollandais, dont plusieurs ouvrages majeurs de l’atelier de Christophe Plantin, offrent un aperçu significatif sur ce siècle florissant où l’édition prend ses formes classiques dans toute l’Europe.
On notera particulièrement la richesse de la collection des ouvrages de Robert Estienne. Depuis l’Epistolarum (1529) jusqu’à l’Harmonie de Jean Calvin (1560), l’imprimeur du roi François Ier puis de la république de Genève, incarne l’excellence typographique. Quelques ouvrages, dont le Topica de Ciceron (1532), offrent les premières occurrences du romain de Garamond. Une série de bibles en latin et en français ainsi que des bibles hébraïques révèlent l’importance que Robert confère à l’étude et à la transcription dans les plus belles lettres des textes sacrés. Avec l’Ecclesiastica Historiae (1544), c’est l’avènement des fameux grecs du Roi. L’œuvre de Robert concerne également la fixation de la langue française et l’apparition de la lexicographie : De Dictionarium latino gallicum (1546) ; Dictionnaire français latin (1549). On notera également quelques livres d’Henri II Estienne, fils de Robert, dont le célèbre Thésaurus Graecae linguae (1572). Dans cette veine, on trouve, au XVIIe siècle, le premier dictionnaire par Calepin, en huit langues et deux volumes (Lyon, 1647). L’essor de la gravure sur cuivre et de la calligraphie savante est attesté par la belle « entrée royale » publiée par Pierre Recolet avec des gravures d’Abraham Bosse (1629). Tandis que les ouvrages de l’Imprimerie royale à ses débuts sont représentés notamment par le Publii Virgilii Maronis Opera (1641), avec des gravures de Mellan d’après Nicolas Poussin. Les Délices de l’esprit, de Demarest de Saint-Sorlin (1658) constituent un chef d’œuvre du baroque français, largement illustré de gravures en taille douce.