LES ILLUSTRES

LES HISTORIQUES :

  • Henri Ier Estienne (1465 ou 1470-1520). Ayant épousé la veuve de l’imprimeur Jean Higman, auquel il a ainsi succédé, il publie ses premiers livres en 1502. Ami des humanistes Guillaume Budé et Jacques Lefèvre d’Etaples, il imprimera près de 130 volumes en vingt ans, traitant principalement de sciences et de théologie. A sa mort, sa veuve épousera Simon de Colines qui assurera la conduite de l’atelier jusqu’à la majorité de Robert.
  • Robert Estienne (v. 1503-1559). Fils aîné d’Henri Ier Estienne, ses premiers ouvrages remontent à 1526. C’est lui qui adopte comme marque d’imprimeur l’olivier sous lequel, dans un second temps, un personnage drapé dans une toge désigne le phylactère suspendu dans les branches portant leur devise : noli altum sapere, sed time (« ne goûte pas à la profondeur, mais respecte la »). Il crée aussi, en collaboration avec Garamond, Les Grecs du Roi : des caractères et poincons qui ressemblent à une écriture cursive avec des ligatures, afin de permettre l’impression d’ouvrages en grec ancien. En 2004, à l’occasion des Jeux Olympiques d’Athènes, Franck Jalleau, professeur à l’École Estienne a procédé à leur numérisation.

LES « ANCIENS » ET LES CONTEMPORAINS :

  • George Auriol (1863-1938), de son vrai nom Jean-Georges Huyot, fut tout d’abord secrétaire de la rédaction du Chat noir. Il se tourne, à partir de 1902, vers la typographie : il crée alors plusieurs caractères d’imprimerie d’inspiration Art nouveau dont celle qui porte son nom et qui semble avoir inspiré Hector Guimard pour les stations du métro parisien. Il finira sa carrière comme professeur de dessin à l’École Estienne à partir de 1924.
  • Dominique Autié (1949-2008). Fils d’un imprimeur de chez Draeger, il suit les cours de typographie de l’École Estienne, au milieu des années 1970, afin de passer le C. A. P. de typographe. Auteur multiple, blogueur inspiré, directeur éditorial des Éditions Privat à Toulouse, il sera l’un des fondateurs des éditions In Texte (« agence d’édition en ligne et hors ligne de textes pertinents »). Il enseigna aussi, dans ses dernières années, à l’Université de Toulouse Le Mirail.
  • Yves Beaujard (né en 1939). Diplômé de l’École Estienne en 1960, il crée ses premiers timbres-poste pour le Viêt-Nam en 1966. Il part ensuite aux États-Unis où il dessine notamment les effigies des présidents pour des billets de banque. Rentré en France en 1977, il devient graveur et illustrateur indépendant, notamment de livres pour enfants. Si son premier timbre français date de 1999, il fut en 2008 l’auteur de la dernière « Marianne » dessinée pour La Poste.
  • Robert Bonfils (1886-1976) Élève des Arts Décoratifs, où il donnera plus tard des cours, il devient rapidement un auteur réputé de reliures, de décors, d’affiches et de motifs textiles. L’un des deux ouvrages qu’il consacre à la gravure, discipline découverte vers 1910, sera édité par l’École Estienne (La gravure et le livre, 1937), où il sera professeur pendant trente-deux ans (1919-1951).
  • Édouard Boubat (1923-1999). Élève de l’atelier de photogravure de l’École Estienne entre 1938 et 1942. Chroniqueur, reporter-photographe, portraitiste de ses contemporains, chéri du public, il fut un éminent représentant de la photographie humaniste française : Jacques Prévert le définissait comme « un correspondant de paix ».
  • Pierre- Laurent Brenot (1913-1998) dit Brenot. Élève de l’École Estienne de 1928 à 1931, ce dessinateur de publicité est considéré comme l’ « inventeur » de la pin-up à la francaise qu’il popularise, passant des pages de magazine aux affiches, de la fin des années 1940 au milieu des années 1960.
  • Maurice Brianchon (1899-1979). Artiste peintre d’abord influencé par Bonnard, Vuillard et Matisse, il acquiert très vite un style propre presque intemporel qui en fera, au lendemain de la guerre, l’un des meilleurs représentants du courant dit de la Réalité poétique. Il fut brièvement professeur à l’École Estienne (1925-1927) puis sera nommé, dix ans plus tard, aux Arts Décoratifs, où il avait étudié.
  • Cabu, de son vrai nom Jean Cabut, né en 1938, fut élève de l’École Estienne de 1956 à 1958. Dessinateur et caricaturiste, il est surtout connu pour ses dessins publiés dans Hara-Kiri et Pilote, puis Charlie Hebdo et le Canard Enchaîné. Outre des pochettes de disques et quelques interventions télévisuelles dans les années 1980, il a signé un grand nombre d’albums. Une rétrospective lui a été consacrée à l’Hôtel de Ville de Paris en 2007.
  • René Cottet (1902-1992) Sorti de l’École Estienne en 1920, où il reviendra en 1943 pour y enseigner, pendant vingt-cinq ans, la gravure en taille-douce, pensionnaire de la Casa Velasquez (1933-1934), auteur de plusieurs centaines de timbres, il est considéré par certains comme l’un des plus grands burinistes de notre époque.
  • George Cretté (1893-1969). Sorti de l’École Estienne en 1910, il devient un des collaborateurs de Marius Michel, auquel il succédera en 1925. Il aura accompagné l’évolution du décor des reliures de cet atelier passant de motifs floraux aux géométries mêlant cuir et métal à l’usage de diverses teintes de maroquin, devenant l’un des maîtres de la reliure francaise du XXe siècle.
  • Henri dit Robert Couturier (1905-2008). Élève lithographe à l’École Estienne (1918-1922), il se tourne très vite vers la peinture et, surtout, la sculpture. En 1937, il réalise une partie du décor du pavillon de l’Élégance à l’Exposition internationale, avant d’entrer dans l’atelier de Maillol. À la Libération, il sera nommé professeur à l’école des Arts Décoratifs, à Paris puis à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris.
  • Albert Decaris (1901-1988) Sorti de l’École en 1919, il obtient alors le premier Grand Prix (« Prix de Rome ») de gravure originale. Il fait partie, au début des années 30, des artistes sollicités pour dessiner des timbres, les progrès technologiques permettant de développer l’usage de la taille-douce. Même s’il fut illustrateur, décorateur, et membre de l’Institut, à partir de 1943; cette activité philatélique, où il signera plus de 600 pièces, constitue l’essentiel de son œuvre, et de sa postérité. Il fut lui-même l’objet d’un timbre édité en 2001.
  • Robert Doisneau (1912-1994) fut élève de l’École Estienne (atelier de gravure lithographique) de 1925 à 1929. Il entre ensuite comme photographe publicitaire à l’atelier Ullmann en 1930, puis devient reporter photographe dès les années 40. Si son travail apparaît progressivement dans de nombreux journaux et magazines, il ne sera reconnu et apprécié, dans le monde entier, qu’a partir des années 1970.
  • Pierre Faucheux (1924-1999), graphiste et architecte, il contribua fortement à l’évolution du graphisme éditorial français. Entré chez Flammarion en 1942, à sa sortie de l’École, il est engagé, après la Libération, par Edmond Charlot qui fut, notamment, l’éditeur de Camus ou de Jules Roy. En 1946, il devient directeur artistique du Club français du livre. Lorsqu’il crée sa propre agence, en 1963, sa première commande fut de reprendre la conception graphique du Livre de poche.
  • Louis Ferrand (1905-1992). Sorti de l’École en 1921, graveur, typographe, dessinateur, collaborateur au Figaro illustré dès 1929, il demeure connu pour des couvertures de livres, mais surtout de nombreuses publicités et logos de marques commerciales (Bourjois, Rodier, Air France, etc.). Les Cahiers d’Estienne (n° 35, 1969) ont reproduit un certain nombre de ses oeuvres.
  • Albert Flocon (1909-1994), de son vrai nom Albert Mentzel, est un graveur mais aussi un historien et un théoricien de cet art. Il étudie d’abord l’architecture au Bauhaus, puis se consacre ensuite aux arts du spectacle. Fuyant le nazisme, il émigre en France et s’installe à Paris en 1945. Professeur à l’École Estienne entre 1952 et 1962, passionné par les rapports entre l’art et la géométrie, ses travaux contribuèrent fortement à renouveler l’étude de la perspective. Son influence se retrouve notamment dans les œuvres d’Escher, Patrice Jeeners et Dick Termes.
  • Adrian Frutiger (né en 1928) est un typographe suisse auteur de nombreux caractères d’imprimerie et de logotypes. S’il a étudié à Zurich, sa carrière s’est développée en France, d’abord à la fonderie Deberny & Peignot, avec Charles Peignot, puis avec sa propre société, créée en 1962. Il a concu entre autres les polices Méridien, Univers (la plus célèbre, créée en 1957), Avenir, Frutiger (créée pour l’aéroprt Roissy-Charles de Gaulle, et décliné depuis sur les autoroutes francaises et suisses), Centennial, Versailles, Iridium, Serifa et même OCR-B. Outre des activités de conseil, notamment pour IBM à partir de 1963, il fut professeur à l’École Estienne (1952-1962) et à l’ENSAD (1954-1968). Ces dernières années, il s’est avant tout consacré à la modernisation et à l’évolution de ses polices.
  • Lucien Joseph Fontanarosa (1912-1975). Élève de l’atelier de dessin lithographique (1927-1931), il intègre ensuite les Beaux-Arts, comme « élève libre ». Après divers travaux, il obtient, en juillet 1936, le Grand Prix (« Prix de Rome ») ex-æquo avec son ami Jean Pinet. Outre sa clientèle privée, il bénéficie de nombreuses commandes officielles. C’est en gratitude de ses années de formation qu’en 1961 il offre à l’École une composition peinte sur toile rendant hommage à Robert Estienne que l’on peut toujours voir aujourd’hui dans le hall des ateliers.
  • Henri-François-Victor Marius Michel dit Marius Michel (1846-1925) est le fils d’un doreur. Élève des Arts Décoratifs puis des Beaux-Arts, il va progressivement imposer un style « moderne » de reliure, à base de grands motifs floraux, présentées dès 1878 à l’Exposition Universelle. Nommé au Conseil de surveillance de l’École Estienne en 1895, la consécration viendra lors de l’Exposition Universelle de 1900 qui le couronnera d’un Grand Prix. Son collaborateur et successeur, Georges Cretté, qui est issu de l’École Estienne, contribuera lui aussi à moderniser le décor des reliures de son époque.
  • Pierre-Lucien Martin (1913-1985). Élève de l’École entre 1928 et 1931. D’abord ouvrier relieur, notamment chez Brodard & Taupin, où il participe à la mise au point du procédé Jotau en bakélite moulée ; il se met ensuite à son compte, se consacrant de plus en plus, par l’intermédiaire de Alphonse Jules Gonon, le premier éditeur d’Eluard, à la reliure d’art et de bibliophilie. Son travail se distingue par des jeux sur le relief et la géométrie plutôt que sur les accords de couleurs.
  • Jean-Paul Maury (né en 1945) a étudié à l’École Estienne dans l’atelier de photogravure de 1961 à 1967. Représentant la quatrième génération d’imprimeurs de sa famille, il devient PDG de l’imprimerie Maury à vingt-trois ans. Il en développe considérablement les activités tout en continuant de manifester un grand intérêt pour les activités de l’École Estienne.
  • Mathurin Meheut (1882-1958). Étudiant à l’École des Beaux-Arts de Rennes, il ne tarde pas à rejoindre Paris mais retournera en Bretagne, après la Première Guerre, expérience dont témoigne de nombreux croquis. Devenu professeur dans son ancienne école, il poursuit une carrière d’illustrateur et de décorateur, fournisseur de motif pour les faïenceries, etc. En 1921, année où il commence à enseigner à l’École Estienne, il est nommé Peintre officiel de la Marine.
  • Benoît Morel (né en 1964). Élève de l’École Estienne (1984-1986), puis graphiste chez Gallimard, il fonde avec Lionel Le Néouanic, Youri Molotov et Christian Olivier le collectif graphique Les Chats Pelés. Après quelques collaborations avec le groupe alternatif Les Têtes Raides, encouragé par Christian Olivier, il fonde en 1989 son propre groupe, La Tordue, dont il sera le chanteur et le parolier jusqu’à sa séparation en 2003. Désormais, il joue sous le nom de Le B du chat, pseudonyme qu’il utilise déjà pour signer ses créations graphiques.
  • Christian Olivier (né en 1964) fut élève de l’École Estienne en même temps que Benoît Morel. Chanteur, musicien, parolier, compositeur et graphiste français, il est avec celui-ci l’un des fondateurs de La Tordue et des Chats Pelés, collectif graphique qui a réalisé toutes les pochettes de Têtes Raides et de La Tordue.
  • Véronique Ovaldé (née en 1972). Élève de l’École Estienne en BTS édition, elle devient ensuite chef de fabrication. Après la parution de son premier roman, Le Sommeil des poissons (2000), son univers littéraire, aussi sombre que fantasque, lui gagne de plus en plus de lecteurs et l’intérêt de la critique : Et mon cœur transparent (2008, Prix France Culture/Telerama), Ce que je sais de Vera Candida (2009, Renaudot des lycéens).
  • Yann Dominique Pennor’s dit Yann D. Pennor’s (né en 1952) a étudié à l’École Estienne dans l’atelier de dessin lithographique de 1968 à 1970. Designer et graphiste, il a créé le logo des Forges de Laguiole, puis il en a redessiné le couteau qui est devenu un objet culte. De la même manière, il a collaboré aux premières créations du pâtissier Pierre Hermé et à la conception de ses boutiques parisiennes.
  • Raoul Serre (1881-1971) graveur au burin et illustrateur, il expose au Salon des Artistes Francais avant d’en devenir Sociétaire en 1906, l’année où il obtient le Prix de Rome. Professeur à l’École Estienne de 1932 à 1943, il est surtout connu comme illustrateur d’ouvrages de bibliophilie, parfois érotiques et, à partir de 1945, de timbres-poste.
  • Willy Ronis (1910-2009), photographe, membre de l’agence Rapho, il participera dans les années 1950 au Groupe des XV qui cherche à faire reconnaître la photographie comme une véritable expression artistique. Si, en 1979, il reçoit le Grand Prix national de la photographie, et qu’en 1983, il lègue son œuvre à l’État français, on sait moins qu’il fut Professeur à l’École Estienne en 1970 et 1971.
  • Siné, de son vrai nom Maurice Sinet, né en 1928, fut élève de l’École Estienne de 1942 à 1946. Dessinateur et caricaturiste, il reçoit, dès 1955, le Grand Prix de l’Humour Noir pour Complainte sans Paroles. Régent du Collège de Pataphysique, et amateur de jazz, il lui a consacré des ouvrages et des pochettes de disque. Après avoir travaillé à L’Express, il crée SinéMassacre (1962) puis, avec Jean-Jacques Pauvert, L’Enragé (1968), avant de rejoindre, en 1981 Charlie-Hebdo. Licencié avec perte et fracas en 2008, il fonde Siné-Hebdo (2008-2010).
  • Louis-Joseph Soulas (1905-1954), peintre-graveur, élève de l’École Estienne de 1919 à 1922. Membre-fondateur de La Jeune Gravure contemporaine, en 1929, il appartient également à la Société des Peintres-Graveurs français et expose au Salon d’Automne. Il obtient en 1938 le prix de la Jeune Gravure et représente alors la France à la Biennale de Venise. Peu avant le début de la guerre, où il fut interné en Poméranie, il est nommé directeur de l’École des Beaux-Arts d’Orléans par Jean Zay. En 1946, 1948 et 1952, il sera membre du jury pour l’attribution du Prix de Rome de gravure.
  • Emil-Jean Sulpis (1856-1943). Élève de l’École, il y enseignera la gravure de 1889 à 1921. Après avoir exposé au Salon des Artistes Français dès 1880, il obtient le Prix de Rome en 1884, puis celui de l’Exposition Universelle de 1900. Même s’il a poursuivi une œuvre personnelle, il est avant tout connu pour ses gravures de reproduction d’après les grands maîtres.
  • Renaud Vernier (né en 1950). Élève de son père puis de l’École Estienne (1968-1971), il complète sa formation par diverses collaborations, notamment comme façonneur chez Pierre-Lucien Martin. Établi comme artisan à partir de 1978, à Paris puis à Aix-en-Provence, la qualité de ses ouvrages a été reconnu par sa participation à diverses expositions et sa distinction comme Maître d’Art en 2000.
  • Henry de Waroquier (1881-1970). Graveur et peintre autodidacte, il fut de 1903 à 1922 professeur de composition décorative à l’École Estienne. Si, avant la Première Guerre mondiale, sa peinture se rattache au Cubisme, il s’intéresse ensuite au paysage, avant d’aborder la figure humaine, dans les années 30, puis la mythologie. En 1937, il exécuta La Tragédie, décoration murale pour le palais de Chaillot. Son œuvre graphique fut exposée en 1951 au Musée National d’Art Moderne et en 1955 à la B. N. F.