La prééminence de la typographie et de la gravure françaises est concurrencée au XVIIe siècle par les éditions des Elzévirs, à Leyde, dont la bibliothèque garde des témoignages d’intérêt, ainsi que par des livres de voyages hollandais, comportant de magnifiques cartes.

Préludant à la parution de l’Encyclopédie, quelques ouvrages savants sont emblématiques des débuts des Lumières : les dictionnaires de Bayle (1720) et Moreri (1707), l’anthologie botanique de Joseph Pitton de Tournefort, Institutiones Rei Herbariae (1719) ou les Éléments de la géométrie de l’infini, de Fontenelle, édités par l’Imprimerie royale (1727).

Les philosophes sont d’abord publiés hors de France, les Éléments de la philosophie de Newton, de Voltaire, à Amsterdam, (édition originale de 1738) et parfois sans nom d’auteur comme pour les Pensées philosophiques de Diderot (La Haye, 1746). L’Encyclopédie,« ouvrage immortel » selon Voltaire, soit 17 volumes de texte, 11 livraisons de planches, 6 tomes de suppléments et de tables, est un des trésors du fonds.

Les albums et spécimens de caractères sont régulièrement édités par les fondeurs à partir du XVIIIe siècle, accompagnant un véritable engouement du public lettré pour la typographie, stimulé par l’Encyclopédie. Outre le spécimen de Fournier, déjà mentionné, la bibliothèque a recueilli, entre autres, Épreuves de caractères de la fonderie Enschédé, (1757) ainsi que de la fonderie de Jacques-François Rosart, à Bruxelles (1768) ou de celle de  Gillé, à Paris (1766 et 1778). Elle possède également un des premiers spécimens de Bodoni, marqué par le style rocaille.

Avec les publications de Baskerville s’amorce l’entrée dans le Néoclassicisme, auquel la période révolutionnaire et l’Empire vont donner tout son développement. La bibliothèque conserve notamment l’Horace publié à Birmingham, en 1770, et un volume de l’édition complète des œuvres de Voltaire par Beaumarchais, à Kehl (1785), composé en Baskerville, et le prospectus qui annonce cette parution et vante la qualité des types employés (1782).

Après les Essais de fables nouvelles dédiées au Roi, de Pierre Didot, avec les nouveaux caractères de Firmin, son frère, la saga des Didot s’épanouit durant la Révolution et l’Empire. En témoignent de beaux ouvrages : Idylles et autres poésies de Théocrite, Didot l’aîné (1792) ; les Actes des apôtres, Didot Jeune (1801) ; Essais, de Montaigne, Firmin Didot, (1802) ; La Conjuration des Espagnols, de Saint-Réal, Pierre Didot (1803). Les prouesses techniques – l’emploi de la stéréotypie en particulier – sont censées contribuer au renouveau de la typographie du livre : unité de la page de titre, larges marges, caractères tendant vers l’épure et affirmant le contraste radical entre pleins et déliés.

Les recueils des parutions des journaux de Marat, dont l’ami du peuple avec les types qu’il aurait dérobés à l’Imprimerie royale, sont emblématiques de la période révolutionnaire, de même que des séries de décrets et autres imprimés du temps, ainsi qu’un exemplaire du Traité élémentaire de l’imprimerie, ou le manuel de l’imprimeur () d’Antoine-François Momoro, imprimé par ses soins, auquel on attribue la paternité de la devise « Liberté, égalité, fraternité », et qui sera guillotiné deux ans plus tard.